Un Palais au coeur de Vienne en Autriche, le 8 juillet 2024

Dans la cour intérieure, j’étais accueilli par un Saint Georges terrassant le dragon. (https://www.art-tresorient.com/presse/le-dragon-occidental-et-le-dragon-chinois/)

TresOrient a eu l’honneur d’avoir été sélectionné pour l’habillage du sol des couloirs, escaliers et salles par des tapis à nœuds d’Aubusson.

Une commande qui s’étalait de 2016 à 2019, soit près de 4 ans de travail, et qui a mobilisé un atelier entier d’ouvriers spécialisés, de concepteurs, de dessinateurs.

Le Palais

Situé dans le centre de Vienne, il a été construit en 1720. À l’instar de la basilique Saint-Pierre au Vatican, le baroque prévaut dans cet ensemble architectural.
Il a servi de siège social de la Deutsche Bank à Vienne.
Le propriétaire actuel, amoureux de l’art et de Ferrari, passions d’homme de qualité, a consacré plusieurs années à restaurer ce bijou d’architecture du XVIIIe siècle.
Construit à Vienne, qui était alors le centre du Saint-Empire germanique à un moment de disputes dynastiques, le sort de l’Europe entière se décidait là.

Vienne deviendra quelques années plus tard la capitale de l’empire Austro-Hongrois.

Ce palais a été le témoin et est le témoin de cette période de l’histoire de l’Europe entière : l’Espagne, les Pays-Bas, l’Italie, les Balkans…

Des moyens financiers, la passion et la volonté du propriétaire actuel et de son équipe de décorateurs, d’architectes et d’historiens ont été nécessaires pour relever le magnifique défi de restaurer ce palais.

Accompagné par le tapissier, Philippe, et le décorateur architecte, Otto, j’admire les parquets en bois précieux, les boiseries, les plafonds. Pendant les 6 heures de ma visite, je découvre mille détails et subrepticement des robinets en or sont habilement installés dans une salle d’eau.

Dans la bibliothèque, lieu où l’on peut appréhender la sensibilité du propriétaire, des ouvrages sur des Ferrari avaient une place prépondérante mais figurent aussi des livres sur le MoMA de New York et sur Oskar Kokoschka, peintre expressionniste autrichien. Dans ce palais dans lequel coexistent l’Histoire, le baroque et l’art moderne, nos tapis ont trouvé harmonieusement une place de choix.

Le tapis

La conception

Otto, l’architecte-décorateur en chef, Philippe, tapissier français, et Ewald, décorateur, avaient au cours d’un après-midi d’automne 2016 dans notre boutique à Paris, conçurent le tapis.



Le motif floral des bordures, la couleur de la partie centrale et la création d’une étroite bande jaune-or qui sépare ces deux parties ont été décidés.

Cette bande, idée géniale, permet d’accroître la lisibilité des parties centrale et florale et accroît visuellement la perspective des couloirs et met en valeur les escaliers baroques du palais.

Ce détail, ligne droite, sur des centaines de mètres, oblige une parfaite exécution du tapis qui, ne l’oublions pas, est une fabrication à la main et artisanale.

La fabrication

 

Un dessein est alors effectué (cf. catalogue tapis) à l’échelle 1 par des décoratrices-architectes, diplômées de l’école des Beaux-Arts de Jinan dans le Shandong, ville de la grande poétesse chinoise, Li Qingzhao (1084-1151). Le tissage a mobilisé un atelier de près de 5 personnes. Des ajustements de conception ont été nécessaires mais le travail fut achevé en 2019.

L’installation

Cette partie a été réalisée essentiellement par le maître tapissier Philippe assisté par Nicolaus, son fils, venus de Lille, France.

La pose de tapis artisanaux de si grandes dimensions nécessite tout l’art d’un tapissier chevronné.

Les quelques millimètres de différences dans certaines portions deviennent, grâce à la magie de Philippe, invisibles. La pose des barres sur les contremarches, la mise en place de la sous-couche, le revêtement de protection sur la partie centrale de l’escalier requiert des solutions ingénieuses.

Quelques commentaires personnels

Ce palais en plein centre de Vienne, dont le propriétaire actuel a redonné une nouvelle vie grâce aux travaux des architectes, décorateurs, maîtres tapissiers et ferronniers, menuisiers.

Ces hommes et femmes d’expérience ont grâce au propriétaire pu exercer encore une fois leur talent et savoir-faire pour la restauration de ce magnifique palais.

Dans une niche d’une des nombreuses salles du palais était exposé un panneau en bois du XVIIIe siècle. Il s’agit de la représentation de Joannes Nepomucenus, martyr béatifié en 1721, le bâtiment a été construit en 1720.

Accueilli par Saint Georges, ma visite s’achève sur la méditation d’un martyr, sacrifié pour ses préceptes et sa fidélité. Cette demeure est remplie de spiritualité voulue vraisemblablement par le propriétaire.  

Que le ciel protège les lieux et ses occupants !